Création 2020 Situations imaginaires

Cinémascope

Écouter l’histoire
Écouter l’histoire
L'appartement dans lequel on peut observer ses habitants. Il est traversé par un grand arbre, en bas pendent ses racines en d'en haut sortent ses branches
Bellevue, Nantes

"Cinémascope" est une situation imaginaire présentée dans le cadre du projet "Grand Bellevue" du 17 au 20 septembre 2020.

Si je me souviens bien, c’était avant la période glacière. N’empêche qu’il faisait froid ! J’étais emmitouflé sous une grande couverture, alors que le vent qui sortait du congélateur de la cuisine, dont j’avais oublié de fermer la porte, soufflait dans l’appartement.

Il faisait beau dehors, mais dans la maison des stalactites descendaient du plafond. Je claquais des dents comme des castagnettes endormies. J’étais perdu, affolé, entouré de bouteilles d’eau gelée sans rien à mettre dans la gorge. Et c’est là, en regardant mes yeux dans la glace de la salle de bains, que j’ai décidé de déménager.

J’ai pris mes cliques et mes deux claques dans mon cartable et j’ai couru sans regarder derrière. J’ai traversé le beau temps comme un fou, les tempêtes, les typhons, sans m’arrêter jamais.

Les nuits, avec ma couverture, je m’abritais comme sous une tente et j’entendais le vent souffler et se battre. Fatigué, j’ai marché. Et j’ai vu dans le désert de sable, des escargots glisser sur une luge.

Quand enfin, je me suis allongé sous un arbre, des gens sont venus m’offrir un petit déjeuner pour me dire : « Monsieur, il faut partir. On s’en va avec l’arbre pour le planter dans un appartement ».

A vingt personnes, en tirant dessus, ils l’ont déraciné et sur l’épaule, ils l’ont porté jusqu’à la ville d’à côté. Ensuite ils m’ont dit : « Là, il est bien dans la maison ». Ils étaient au deuxième étage. Ils ne savaient pas que quelques années plus tard, il faudrait encore déménager. Mais tant pis, ils rigolaient tout le temps.

Précédent
Suivant

Aucun témoignage

Déposer votre témoignage

Presse

« Christian, 62 ans est happé. Ces scènes du quotidien, avant destruction, le renvoient à son histoire. Il ne trouve pas les mots. Se contente d’un « si beau, si fort ». Lui-même a quitté son immeuble de la rue du Doubs, démoli il vit maintenant rue d’Isère. Dans le mille, l’intervention de Royal de Luxe fait partie de son accompagnement de la rénovation urbaine du quartier. »

Ouest-France - 18/09/2020

Précédent
Suivant