Création 1988 Résidences

Résidence au Maroc

En 1988, sous l'impulsion de Sylvie Depont, L'Association française d'action artistique (AFAA), l’organe culturel du Ministère des Affaires Etrangères, nous donna carte blanche pour un travail au Maroc. Par souci de cohésion créative, nous avons décidé de fabriquer toutes nos images sur place, donc de n'emporter avec nous que nos caisses à outils. La cible choisie était les villages du sud-marocain et le périple dura trois mois, allant de Marrakech à Zagora aux portes du désert.

Les seules concentrations de public se faisant dans les souks, il fallut trouver une forme de spectacle et d'histoire compatible ; donc une histoire éclatée dans de petits lieux isolés, voir des stands de vente de 2 à 3 m sur 2 m pour des actions fixes, et des images ou des personnages mobiles à travers le souk.

Après un mois de travail dans le petit village d'Asni à 40 km de Marrakech, nous rencontrâmes Bougema (un conteur marocain) qui nous suivit en tournée, jouant et traduisant les textes que nous avions créés ensemble. »

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Presse

« Si l’on retrouve un jour Les carnets imaginaire du major Courcoult, metteur en scène du Royal de Luxe, carnets écrits en toute hâte avant sa campagne marocaine, on comprendra le désarroi de l’occidental et le sourire du paysan berbère. De mémoire on y lirait entre autres ceci : destination : les souks marocains ; accessoires : feuilles mortes, hélice d’avion, réfrigérateur, groupe électrogène, Tête et bras coupés, deux moitiés d’automobile, bouteille d’oxygène, d’acétylène. Véhicule : autobus, camion, remorque, voiture, soutes pleines. C’est l’invraisemblable épopée de 18 mercenaires du spectacle de rue au pays du théâtre-qui-n’existe-pas. {…} A l’abri des cimes enneigées du mont Toubkal (4.200m), repliée sous des tentes traditionnellement réservées aux caïds, la troupe se fond dans le quotidien marocain. Comme au pays de « Cent ans de solitude » quand des voyageurs montrent aux autochtones d’un petit village sud-américain leur premier bloc de glace, le Royal veut amener le théâtre aux confins du royaume de sa majesté Hassan II. C’est dans le souk qu’une ou deux fois par semaine se concentrent la vie, le travail de toute une vallée. Le Royal s’installe au milieu d’une déferlante d’odeurs et de couleurs, occupe son petit carré de souk. D’abord dans l’indifférence, puis dans la démence. Les Marocains se frottent les yeux et se ruent sur l’homme-thé qui arpente le souk, distribuant la boisson sacrée au cri de « athai » (du thé ?). Emboitant le pas de la mère Denis, personnage géant aux rondeurs provocantes. Se pressent autour d’un restaurant improvisé. Une main jaillit de la semoule pour nourrir deux têtes posées sur un plat à tagine et coiffées d’un cône en terre cuite. En quelques minutes, des centaines de Marocains ont mis leur légendaire sens du commerce entre parenthèses. Ici un arbre se brise sous le poids d’une grappe humaine pressée de voir. Là, un berbère centenaire exhibe une mâchoire sans dent, rit comme un enfant.  »

La Dépêche Magazine - Le 7/08/1988